
Mon enfant n’est plus continent…
La situation
Votre petit était continent (propre) et tout d’un coup ne semble plus l’être. Des selles (plus communément notées « caca ») se retrouvent régulièrement dans ses sous-vêtements ou sur le sol s’il est déshabillé. Ce sont souvent des traces ou de « petits bouts » de selles. On ne parle pas de totalité là mais de petits bouts par ci, par là.
Si c’est réellement régulier, voire permanent, quotidien (et non une exception) cela porte un nom : l’encoprésie (à voir avec un médecin évidemment pour le diagnostic).
Donc l’encoprésie c’est de l’accumulation de selles dans le côlon et le rectum (après un âge où le petit peut être continent, estimé médicalement à environ 4 ans, mais en réalité si votre enfant est continent à 2 ans et qu’un an et demi plus tard, vers 3 ans et quelques a ceci, il est important de se poser les bonnes questions, je pense).
Il y en a deux sortes :
– la primaire, votre enfant n’a jamais été continent
– la secondaire, votre enfant a été continent (propre) mais d’un coup, il y a ces selles qui « débordent » et se retrouvent en partie dans les sous-vêtements par exemple.
Attention : c’est différent de l’incontinence.
Comment cela fonctionne ?
Votre enfant se retient d’émettre ses selles. En bref, ou dit autrement, lorsqu’il a envie d’aller aux toilettes, il serre fort ses sphincters (au niveau de l’anus/fesses) pour ne pas faire caca. Il se retient fortement. L’envie passe, il ne la ressent plus vraiment… puisque comme votre estomac qui s’agrandit si vous mangez trop (à en avoir mal au ventre) là, retenir les selles augmente aussi à un moment ce que peut contenir le rectum sans ressentir l’envie d’aller déféquer (faire caca). Jusqu’à ce que l’envie revienne, où de nouveau, il se retient encore fortement.
Vous vous en doutez, à un moment, c’est le « trop plein ». Dès que votre enfant va se détendre, jouer, relâcher son attention sur le fait de se retenir, des selles vont sortir, un peu, beaucoup, moyennement, ça dépend, mais sortir. Cela peut être plusieurs fois, en petite quantité, dans la journée.
Plusieurs possibilités à cela,
Je vous parlerai ici des deux possibilités principales, mais je vais vous mettre des liens très bien construits au bas de cet d’article :
– Soit votre petit a eu de fortes émotions ces derniers temps, des difficultés à les exprimer et l’origine peut être psychologique (je dirai plutôt émotionnelle)
– Soit votre petit a eu mal, par exemple suite à une constipation où déféquer a été difficile, ça lui a fait mal voire cela l’a égratigné, fait saigner un peu, et depuis, il se retient, car il a peur d’avoir mal de nouveau. Vous remarquerez que la peur d’avoir mal de nouveau est une émotion aussi.
Cependant, c’est différencié ici, car l’origine, de base, est plutôt biologique (douleur ressentie physiquement).
Poser le diagnostic et traitement de base,
Pour poser le diagnostic, vous avez plusieurs écoles. Ne subissez pas ou ne faites pas subir à votre enfant s’il refuse, des actes pour lequel il n’est pas à l’aise, a peur…
Il existe le fait de faire passer une radiographie à votre enfant pour vérifier la stagnation des selles au niveau du rectum (la taille de celui-ci) et ainsi poser un diagnostic fiable.
Et il y a aussi des examens plus invasifs pour votre petit. Rappelez-vous que c’est à vous d’accepter ou non les actes médicaux, la loi est de votre côté. Donc si votre enfant n’est pas bien, ne veut pas, a peur et/ ou que vous ne le souhaitez pas, vous pouvez refuser les examens physiques (comme le toucher anal). Il vous sera expliqué ce que cela devait vérifier et vous pouvez soit refuser tout court, soit décider de le vérifier plus tard si vraiment aucun traitement ne l’aide par exemple.
Les traitements de base sont des laxatifs et une psychothérapie. Après on peut aussi vous proposer des lavements ou autre traitement local. Là aussi, il est important de voir quelle est la réaction de votre petit, parce que clairement, si pour le soigner vous devez le maintenir de force pendant qu’il hurle pour un lavement ou autre, cela semble totalement contre-productif (sauf risque de santé immédiat, cas extrêmement grave et prolongé de stagnation). Pourquoi contre-productif, parce que c’est essentiellement dû aux émotions, alors en ajouter, de façon négative, appuyer sur le problème n’aidera pas, à mon sens.
A-t-on une chance de pouvoir accompagner au mieux ?
Une astuce ? Des idées ?
Je vous décris ce qui a servi ici. Mon petit dernier fut continent (urine ou selles) un peu avant deux ans. Et un peu avant ses trois ans et demi, tout d’un coup, du jour au lendemain, il a commencé à faire des traces dans ses culottes. Au début, je ne comprenais pas pourquoi. Il a commencé à faire des petits bouts parfois aussi, plusieurs fois par jour. il n’allait plus aux toilettes (pour les selles) pendant deux jours, voire trois (contre tous les jours avant cela). Très étrange. Personnellement, je n’ai pas pensé à consulter puisque la première chose à laquelle j’ai pensé, c’est aux émotions. Et effectivement, c’était le cas. Tout s’est arrêté un mois et demi plus tard, en gros, deux semaines après que j’ai compris et connu le principe d’encoprésie.
Comment ai-je procédé pour que cela s’arrête ?
Déjà, j’avais de la chance, c’était secondaire et récent (en moins d’un mois, après quelques recherches, j’ai découvert l’encoprésie et cette notion de se retenir et qu’à des moments de relâchement, ça ressorte).
Pourquoi de la chance ? Parce que secondaire signifie qu’il était bien continent avant donc ça m’a permis de savoir à quelle période tout avait changé. Et le côté récent, un mois à peine (un peu moins), nous a évité le côté trop ancré en lui.
1) L’origine et expliquez les situations
J’ai cherché quelle pouvait être l’origine. Ici, c’était clairement lié à une période compliquée en famille. Notre 4ème qui voulait rentrer en métropole, planter sa terminal, pour une fille (et sa famille car il aurait vécu avec eux) qui était assez toxique (réellement, chantage affectif lourd, etc.). Explications, parfois tendues, discussion avec cette fille, l’autre maman… Bref. Des tensions. De mon côté, je traversais une période de bouleversements internes et avec mon conjoint aussi. Et dans les faits autres, nous venions d’emménager dans l’appartement, en Nouvelle Calédonie. Beaucoup de changements majeurs, de bouleversements émotionnels… Et ma 3ème venait d’apprendre sa grossesse. Bon… Ça faisait effectivement beaucoup, beaucoup d’émotions ressenties (positives ou plus lourdes selon de quoi on parle) pour un petit bout de 3 ans et quelques.
Après avoir compris cela, je lui ai parlé de chacune des situations, la joie de la grossesse de sa soeur, puisque c’était voulu (ils ont déjà une petite fille, arrivée sur stérilet, par surprise et miracle et ils souhaitaient lui donner un frère ou une soeur rapproché(e)). Du fait qu’on aime son frère très fort même si ça a été un peu tendu, que finalement Loulou restait, qu’il était content de sa décision, que la suite lui a prouvé qu’il avait raison. Qu’on y était arrivés tous ensemble. Que j’avais eu un peu peur pour lui, pour sa santé psychique et pour son avenir, mais que tout est ok maintenant.
Que moi, j’allais bien, que j’avais juste été un peu perdue, comme ça peut arriver quand on cherche notre chemin en voiture ou à pied.
Il a posé ses questions, je me suis assurée qu’il comprenait mes réponses. Je l’ai senti soulagé.
2) Lui et ses émotions
Je l’ai laissé parler de lui, de ses émotions, je lui ai demandé pourquoi il retenait son caca ?
Il m’a répondu : « j’ai peur des grandes toilettes. » (alors qu’il y a toujours été hein, mais c’est vrai qu’en Nouvelle-Calédonie (NC), on n’a pas emmené son réducteur avec marche incorporée, et je n’en ai pas trouvé ici, bref.) Je pense surtout que toutes ces émotions de tous étaient trop et que ce simple changement, pas de réducteur, toilettes plus bruyantes a suffi. Donc, je l’écoute. É-cou-tez, c’est vraiment très important.
Je lui ai reformulé : « Tu as peur des toilettes, du bruit qu’elles font. Ça va pour un pipi rapide, mais ça t’inquiète trop pour t’asseoir dessus et faire caca, c’est bien ça ? »
Il me dit que oui. Pour résoudre cette partie-là, nous avons acheté un pot (ce que je n’avais jamais fait avec les 7 ainé(e)s me disant que si je ne change pas de couches, ce n’est pas pour laver un pot ! Et ils avaient le réducteur avec marche intégrée. Mais là, face à ses mots, j’ai pris un pot, quelques temps/mois, espérant, quand cela serait derrière nous, trouver un réducteur avec marche ici, ce qui n’est pas facile avec tout ce qui s’est passé en NC, les magasins fermés et rien sur les petites annonces, bref, je m’égare).
3) L’importance du ventre et de l’aider
Je lui ai expliqué à quel point son ventre était important, que c’est lui qui trie la nourriture pour lui donner plein de forces, que c’est lui qui fait en sorte que les vitamines arrivent dans son corps, que c’est lui qui gère une grande partie de son bien-être.
Je lui ai ensuite dit que son ventre avait besoin de lui ! Que lorsque son ventre trie la nourriture, il met à la poubelle tout ce qu’il ne veut pas, tout ce qui est mauvais pour lui, tous les déchets, comme nous avec la poubelle de la cuisine, sauf que pour le ventre, les déchets : c’est le caca.
Je lui fais remarquer que nous sortons les poubelles pour que la maison reste saine.
Je lui ai demandé de reformuler afin d’être certaine qu’il avait compris. « Mon ventre il choisit ce qui me donne des forces et il jette le reste, et c’est la poubelle, et c’est le caca, alors le caca doit sortir pour aider mon ventre. » Parfait, c’était bien compris.
Comment reconnaître que mon enfant a envie de faire caca, pour peut-être l’accompagner en lui disant que son ventre va pouvoir être content qu’il l’aide ?
Il y a plusieurs signes, certains enfants se cachent (dans des placards intégrés ou derrière un meuble ou autre), d’autres cours dans la maison pour mieux resserrer leurs sphincters, d’autres se figent… Dans tous les cas, il y aura un changement de comportement.
Attention, cependant, à ne pas fixer sur tout ça, ne figez pas les émotions, ne pointez pas ceci en permanence.
4) Patience et compréhension
Il est important de comprendre qu’ils ne font pas exprès. De se retenir quand l’envie est vraiment là, oui, c’est conscient, mais après, les « fuites » non, elles ne sont pas volontaires, c’est juste un trop-plein et ça sort contre la volonté.
Donc, quand ça arrive, après toutes les explications, restez le plus calme possible, même si c’est la 7ème fois de la journée. Et rappelez, une fois ou deux : « je sais que tu ne le fais pas exprès, c’est ton ventre qui pousse sa poubelle dehors un peu à chaque fois parce qu’il n’aime pas avoir plein de déchets. Par contre, toi, pour l’aider, quand tu ressentiras de nouveau l’envie, il sera très important d’aller sur ton pot et de pousser. Lui il te donne des forces, toi aussi il faut que tu l’aides. »
Et voilà, les trois premiers jours étaient mi-figue, mi-raisin, mais il me répétait toujours, mon ventre il est gentil, mais il va être triste si je laisse le caca, moi je veux qu’il soit content. »
Les trois jours suivants étaient redevenus normaux, puis de nouveau une journée pas évidente où il avait retenu. Puis une semaine impeccable, puis une journée moyenne. Puis 3 semaines parfaites et il n’en parlait plus, nous non plus du coup. J’en ai déduit que c’était derrière nous. Effectivement depuis, plus rien. Tout est de nouveau normal.
Attention, gardez en tête,
N’oubliez surtout pas :
– que c’est dû aux émotions, n’en ajoutez donc pas. Tentez de comprendre la situation, expliquez-là, écoutez, rassurez (même sur un sujet annexe qui ne posait pas de problème avant, par le pot là par exemple),
– que votre petit ne fait pas exprès DU TOUT de sortir des petits bouts de-ci de-là. Il se retient au moment où il a envie, mais après l’envie disparaît et le « trop-plein » sort malgré lui. Vraiment, il faut le comprendre, il ne se moque pas de vous, ce n’est PAS volontaire. Il faut juste encourager à aller faire QUAND l’envie est là,
– enfin plus difficile probablement, dosez ! Ne répétez pas les mêmes choses toute la journée, ne cristallisez pas la situation en criant sur le petit quand ça sort involontairement, en le clouant sur les toilettes de force, surtout pas. Évitez aussi de lui lire des histoires aux toilettes ou des choses qu’il aime bien pour qu’il y reste en espérant qu’il fasse (ça pourrait faire en sorte que la situation, devenue pas si mal de son point de vue, car moment sympa avec vous, persiste.). Rappelez-vous, si l’envie n’est pas là, qu’elle est partie, il peut rester deux heures sur les toilettes que ça ne changerait rien. Et ce, même si des selles sortent involontairement, entre deux envies.
Tentez de pousser sans envie vous et vous verrez.
Divers liens intéressants,
https://www.snfcp.org/fiches-pratiques/fiches-techniques/troubles-de-la-statique-pelvienne-et-troubles-du-transit/encopresie-bases-et-traitement/
https://www.snfcp.org/informations-maladies/constipation-et-incontinence/encopresie-de-lenfant
https://www.fmcgastro.org/texte-postu/postu-2023/encopresie/
https://www.chusj.org/getmedia/375d5d68-d82b-43da-ad0b-576adb8ae4d2/depliant_F-4624_Constipation-fonctionnelle-et-encopresie.pdf.aspx?ext=.pdf
Je vous assure que lorsque c’est bien de l’encoprésie (et pas de l’incontinence, ni une maladie etc.) qu’avec un brin de compréhension, un poil d’écoute, de l’équilibre et beaucoup d’amour, ça peut vite se résoudre. Gardez le cap. Vous allez y arriver.
J’espère que cet article vous aura aidé,
À bientôt pour d’autres astuces,
Évenelle
Ps1 : pour voir l’article expliqué en vidéo, c’est par ici : https://www.youtube.com/watch?v=Y9KqrPdeQ5Y
Ps2 : pour un article sur les nouveaux-nés et la communication, c’est par ici : https://astucesparentales.com/index.php/2023/04/11/communication-nouveau-ne/
